Le Mardi 8 Juillet 2003 13:02, Xavier Venient a écrit :
Certes mais quel est l'intêret d'une traduction effectuée par un néophyte qui se fait corriger par un relecteur expérimenté, qui au final va retraduire les 3/4 d'un document (sans compter que lui aussi pourra passer à côté de grosses erreurs), cette (re)traduction devra elle aussi passer par une autre relecture...
Xavier
Bonjour !
Je voudrais rebondir sur ce dernier message pour détailler ma pensée sur le couple traducteur/relecteur.
En fait, tout dépend du contexte, et celui-ci est multidimensionnel.
1°La notion de "newbie". Un newbie sur nos listes, c'est quoi ? C'est un informaticien amateur ou professionnel. Donc quelqu'un qui est bon en informatique, mais nul en orthographe (je schématise, mais la simple relecture de ce fil de discussion devrait vous en convaincre). Donc, on peut lui faire confiance pour la technique, pas pour le français.
2° La notion de filière de relecture. Il y a plusieurs mécanismes possibles :
Traducteur=>Relecteur=>Mise en ligne. (schéma utilisé pour mes pages de man)
Dans ce schéma, on est productif (le traducteur n'est pas pollué par une relecture de la relecture), mais le relecteur est le dernier rempart. Donc, ce doit être le meilleur. Et comme on l'a vu, le plus gros des erreurs de traduction, c'est des erreurs de francophonie, le relecteur doit être un bon francophone.
Inconvénients : le relecteur peut ajouter des erreurs. Donc, nécessité d'envoyer un diff au traducteur pour vérification. Cela dit, le relecteur peut s'adapter au traducteur. Personnellement, lorsque je tombe sur une bonne traduction, je respecte les éléments litigieux. Mais lorsque je tombe sur une traduction digne d'un élève de CP, je n'hésite pas à tailler dedans à la hache.
Traducteur=>Relecteur=>Traducteur=>Mise en ligne (schéma utilisé pour Debian)
Dans ce schéma, la qualité du traducteur et du relecteur importent peu, puisqu'ils se complètent mutuellement.
Inconvénient actuel : manque de bons francophones (cf leurs hurlements lorsque je corrige leurs relectures).
Traducteur => Mise en ligne =>Relecture informelle (schéma utilisé involontairement par KDE)
Par manque de moyens, tout est mis sur la traduction. Nécessité de très bons traducteurs. On a à peu près trouvé ce qu'il faut, mais la relecture informelle réserve quand même des surprises... On a même eu un spécimen qui nous signalait des erreurs imaginaires, n'ayant pas la force de vérifier dans un dico que les mots qu'il critiquait étaient corrects.
3°L'idée qu'un débutant voit mieux les erreurs. Faux, archi-faux ! Un traducteur/relecteur expérimenté détecte le jargon, les anglicismes et les erreurs de balise du premier coup d'oeil. Lorsque je débutais en informatique, je trouvais élégant que certains chaînes de GUI soient entourées de guillemets, que certains termes ressemblent étrangement à l'anglais, etc. Seul un traducteur/relecteur expérimenté peut dire du premier coup d'oeil qu'on n'a pas "fixé" une erreur, mais "corrigé".
4° La mentalité des débutants est bizarre : qu'ils soient mauvais en orthographe, ce n'est pas de leur faute (cf éduc. nat.). Mais qu'ils n'utilisent pas le vérificateur orthographique de base ou les outils automatisés utilisés pour leur type de trad est inadmissible. C'est pourquoi j'avais demandé que le poster de traduc.org mette l'accent sur l'importance de l'orthographe (l'orthographe, ça ne sert pas qu'à faire étalage d'un savoir, mais aussi à comprendre).
5°Comme la seule vraie difficulté de nos traductions, c'est de trouver le vocabulaire adapté, surtout lorsque les chaînes sont isolées de leur contexte (cas des GUI), il est bien plus simple de commencer par des documentations, où l'on peut s'appuyer sur le programme pour le vocabulaire.
Conclusions
Je pense donc que ce n'est pas un cadeau à faire ni au débutant -il n'apprendrait rien- ni à la traduction -un débutant n'apporte pas grand chose à une traduction faite par un "bon"- que de confier la relecture aux débutants.
Les cadeaux que l'on peut leur faire : -mettre en place un système de réservation simple et accessible -leur expliquer leurs erreurs, afin qu'il deviennent à leur tour des traducteurs/relecteurs expérimentés -leur mettre à disposition des scripts de relecture automatique -leur mettre à disposition des distributions "live" contenant le dernières versions de ce qu'ils ont à traduire. Il est prévu chez KDE de faire un cdrom knoppix remis à jour régulièrement avec la version CVS de KDE. Plus besoin de se taper 2 jours de compilation et le risque de casser tout son système pour avoir sous les yeux la version que l'on est censé traduire.
Espérant ne pas vous avoir lassés