Comme quoi, j'avais utilisé des accents dans mon message original. Ils ont disparu dans votre extrait ou ont été remplacés par d'autres caractères...
Bref, pour ma part je ne trouve rien à dire au fait d'utiliser des "guillemets ASCII" dans un Email (il s'agit d'une adaptation normale aux contraintes techniques d'un clavier, où l'usage de combinaisons de touches hasardeuses ou au copier-coller ne s'impose pas).
Je critiquais initialement le dédain qu'ont certains à ne pas se relire ni faire aucun effort pour utiliser un français correct ou compréhensible, ou l'usage de phrases incomplètes, abrégées, ou imitant le langage parlé. (J'accepte tout à fait les fautes de frappes dans un courriel, et même certaines fautes d'orthographes bénignes, dont la correction ne nécessite pas une relecture rapide, mais un parcours scrupuleux du texte, souvent inutile pour un courriel envoyé rapidement).
Mon propos prouais qu'une mise en forme minimale est nécessaire (car le langage écrit ne contient pas les autres éléments essentiels présents dans le langage parlé: intonation, rythme, emphase, gestuelle, posture, mimiques et grimaces, etc...)
Aussi on peut utiliser d'autres formes dans l'écrit pour marquer ces éléments. Une inversion de mot volontaire traduit l'emphase, même si ce n'est pas la forme grammaticale la plus simple. Cela donne un rythme plus soutenu que l'usage de qualificatifs ou adverbes qui alourdissent une phrase, et font perdre le sujet si le lecteur ne parcourt pas le texte avec une grande attention (comme c'est le cas de la lecture d'un courriel qui devrait se faire sans "se prendre la tête").
Des règles strictes comme "pas de virgule avant un 'et' ou un 'ou'" sont trop strictes: elles empêchent de marquer le rythme, nécessaire dans un courriel si on ne veut pas l'alourdir de subjonctifs. Sinon autant composer tous ses courriels en vers, voire en alexandrins, et fournir une partition...
Ces règles existent uniquement dans la grammaire de base qui n'interdit pas certaines variations, tant qu'on ne touche pas à la syntaxe (conjugaisons, accords, certaines ponctuations essentielles pour terminer les propositions, structure de base des propositions, et tout ce qui donnent des informations de corélation que le langage parlé marquerait par des intonations ou une gestuelle autrement non écrite) ou l'orthographe (nécessaire uniquement pour éviter des confusions de mots, ou une trop grande dispersion de la langue qui nuirait à son intelligibilité commune).
Bref c'est une question de style et non de correction du texte écrit. Et tout texte écrit doit avoir un style adapté à son interlocuteur ou à son mode de véhiculation ou de conservation. En agissant ainsi, on respecte le lecteur en lui offrant un point de vue sincère, et non de simples assertions jetées à la va-vite sur un clavier au rythme de la pensée, comme si on parlait en vis-à-vis.
Prendre le temps de se relire donne aussi l'occasion de réfléchir à son propos, de coordonner ses idées, de reformuler, de corriger certaines fautes de frappe (on a vite fait d'en oublier malgré tout), ou d'ôter certaines inversions et omissions de mots malheureuses car dénuées du sens ou de l'objectif que l'on voulait donner à la phrase (par rapport à son interlocuteur).
Merci pour votre intervention, qui appuie plus mon message initial qu'il ne l'infirme.
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[1] J'observe approximativement ces règles typographiques, mais certainement pas l'usage des guillemets français dans un courriel. Je trouve seulement qu'on peut porter plus utilement l'effort ailleurs dans le style du message écrit. En effet, le système des "Emails" ne prends lui aucun soin de conserver la mise en forme du document (l'espacement notamment, dont l'effet sur un guillemet français est désastreux s'il se détache du mot...) contrairement à une machine dactylographique dont le document produit conserve sa mise en forme initiale.
J'ai donc adopté depuis longtemps dans les courriels l'usage des conventions utilisées pour le marquage SGML, où le guillemet fait l'objet d'une mise en forme séparée (la forme du guillemet et son espacement dépend de la police utilisée et d'autres facteurs de style de reproduction), et les espaces non marqués sont compactés avant d'être auto-ajustés.
J'ai toujours trouvé horrible le style en chevrons *imposé* des guillemets français, utilisés en dehors de l'encadrement de citations, leur préférant nettement les jolis petits guillemets arrondis en forme de virgules surélevées (renversées au début). Hors on fait assez rarement des citations complètes, mais plus souvent des emprunts de mots isolés ou expressions courantes, non liés à un auteur ou acteur précis. Dans ces cas les plus usuels, il est inutile de trop détacher ces mots du reste de la proposition dont ils font partie intégrante (syntaxe, accords et conjugaison compris) et où ils prennent leur sens.
J'observe que l'usage des guillemets se perds aussi pour les citations non incluses dans une phrase (on préfère maintenant une mise en forme du paragraphe ou l'encadrement), le cas le plus typique dans les courriels étant la reprise d'une partie d'un autre message auquel on répond. Comme quoi, ces règles évoluent ou s'adaptent au contexte technique.
Philippe.
----- Original Message ----- From: "François Pinard" pinard@iro.umontreal.ca
[Philippe Verdy]
[...] un simple courriel en format texte brut (donc dpourvu totalement de style typographique ou de pr sentation).
Juste un commentaire rapide, probablement hors contexte, peut-être hors propos. Les gens ont utilisé des dactylographes avec des fontes de largeur fixe pendant très longtemps, bien avant que les ordinateurs personnels deviennent populaires. La sagesse typographique acquise est utilisable en messagerie électronique, à mon avis[1]. Lorsque le contenu d'un courriel est déjà le fait d'un esprit clair et qu'il me nourrit par les idées qu'il véhicule, c'est un plaisir supplémentaire pour moi que d'admirer sa forme, dans la qualité du français utilisé et la présentation typographique.
Ce plaisir, j'aime le partager. Avec toute l'humilité de mes maigres moyens, j'essaie toujours de l'offrir à mes correspondants, et je fais au moins un effort raisonnable dans ce sens, dans chacun de mes courriels. Ça me semble être une forme de politesse, qui m'excuse un tantinet du fait d'imposer ma petite littérature à ceux qui me liront.
Dans un certain sens, je m'attends un peu à ce nous soyons tous sensible à ce genre de politesse. Nous ne maîtrisons pas tous notre langue de la même manière, bien sûr, et je me sens bien tolérant dans ce que je lis, dès que je sens un rien de bonne volonté chez celui qui écrit. Mais il nous arrive parfois d'observer un grand laxisme et un manque total d'attention chez certains, et je l'avoue, cela m'irrite beaucoup, comme un manque de respect.
-------------------- [1] J'ai bien lu le commentaire où Philippe explique que les règle de dactylographie sont périmées en messagerie électronique. Je crois qu'elles ne seront vraiment périmées que lorsque remplacées par de meilleures règles. Entre-temps, il me semble sage de les suivre, du moins approximativement.